Bonne Gouvernance et Démocratie : Un Binôme Indissociable pour un État de Droit

Introduction

Dans le discours politique contemporain, les notions de « bonne gouvernance » et de « démocratie » sont souvent invoquées comme des idéaux à atteindre pour assurer le développement et la stabilité d’une nation. Si elles sont fréquemment utilisées de manière interchangeable, elles désignent pourtant deux concepts distincts mais profondément complémentaires. La démocratie représente le cadre politique, tandis que la bonne gouvernance en incarne la qualité d’exécution. Explorer leur relation, c’est comprendre pourquoi l’une ne peut pleinement s’épanouir sans l’autre.

1. Définir les Termes : Deux Concepts aux Fondements Différents

  • La Démocratie est avant tout un système politique. Son principe fondamental est la souveraineté du peuple, qui exerce le pouvoir soit directement, soit par l’intermédiaire de représentants élus lors d’élections libres et transparentes. Elle repose sur des piliers essentiels : la séparation des pouvoirs (exécutif, législatif, judiciaire), le respect des droits et libertés fondamentaux, l’existence d’une opposition politique et la liberté de la presse.

  • La Bonne Gouvernance se réfère, quant à elle, à la manière dont le pouvoir est exercé dans la gestion des ressources et des affaires publiques. C’est un concept plus processuel, mesuré par des principes tels que :

    • La transparence : les décisions sont prises et appliquées en suivant des règles et régulations claires.

    • La redevabilité (accountability) : les gouvernants sont responsables de leurs actions devant le public et ses institutions représentatives.

    • La participation : tous les citoyens, y compris les plus vulnérables, ont une voix dans le processus décisionnel.

    • L’efficacité et l’efficience : les processus et institutions produisent des résultats qui répondent aux besoins de la société tout en optimisant les ressources.

    • L’État de droit : des lois équitables sont impartiales et appliquées à tous.

2. La Démocratie, Condition Nécessaire mais Non Suffisante à la Bonne Gouvernance

Il est tentant de penser qu’une fois la démocratie établie par des élections, la bonne gouvernance suit naturellement. La réalité est plus nuancée.

Une démocratie électorale peut, en effet, produire une mauvaise gouvernance. On peut assister à :

  • La capturation de l’État par des intérêts privés ou des élites corrompues.

  • Le clientélisme : utilisation des ressources publiques pour récompenser des soutiens politiques plutôt que pour l’intérêt général.

  • L’inefficacité bureaucratique et la lenteur administrative, même sous un gouvernement élu.

  • Le non-respect de l’État de droit et les violations des droits de l’homme.

Ainsi, des élections libres, sans les contre-pouvoirs et les principes de la bonne gouvernance, ne garantissent pas un gouvernement au service de tous. C’est ce qu’on appelle parfois la « démocratie illibérale ».

3. La Bonne Gouvernance, Garante de la Légitimité et de la Pérennité Démocratique

Inversement, la bonne gouvernance est ce qui donne sa pleine légitimité et sa substance à la démocratie. Lorsque les citoyens constatent que leur vote se traduit par :

  • Des services publics de qualité (écoles, hôpitaux, infrastructures).

  • Une justice impartiale et indépendante.

  • Une gestion transparente des finances publiques.

  • Une administration accessible et efficace.

Alors, leur confiance dans les institutions démocratiques se renforce. Ils perçoivent l’État comme légitime et voient l’utilité de leur participation civique. À l’inverse, une mauvaise gouvernance, caractérisée par la corruption et l’inefficacité, engendre la défiance, le désengagement et l’apathie citoyenne, menant à terme à une crise de légitimité du système démocratique lui-même.

4. Le Renforcement Mutuel : Un Cercle Vertueux

La relation la plus fructueuse est donc un cercle vertueux de renforcement mutuel :

  1. La démocratie offre le cadre permettant d’exiger la bonne gouvernance. Grâce aux élections, à la liberté de la presse et à la société civile active, les citoyens peuvent demander des comptes à leurs dirigeants et les sanctionner s’ils ne gouvernent pas bien.

  2. La bonne gouvernance, en répondant aux attentes des citoyens, renforce la légitimité et la stabilité du régime démocratique. Elle encourage la participation et consolide l’État de droit.

Des institutions fortes, une justice indépendante, une presse libre et une administration intègre sont les piliers communs qui soutiennent à la fois la démocratie et la bonne gouvernance.

Conclusion

La démocratie et la bonne gouvernance sont les deux faces d’une même médaille : celle d’un contrat social réussi. La démocratie sans bonne gouvernance est une coquille vide, un système qui possède la forme du pouvoir populaire mais qui en trahit la substance. La bonne gouvernance sans démocratie, si elle peut exister ponctuellement (comme dans certaines autocraties développementales), est fragile et privée de la légitimité et du consentement des gouvernés.

L’enjeu pour les sociétés modernes n’est donc pas seulement d’organiser des élections, mais de cultiver en permanence les principes de transparence, de redevabilité et de participation qui font vivre l’idéal démocratique. C’est dans cet entrelacement que réside la promesse d’un État juste, efficace et véritablement au service de ses citoyens.

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